Dès la première scène, on a l’impression de se retrouver dans un film de Luc Besson des années 90. Scène 2 : une course-poursuite au montage ultra-cut façon clip. Oui, on est bien dans un film de Luc Besson des années 90. Scène 3 : Adèle Exarchopoulos surgit, affublée d’une perruque brune. Et là, une question me traverse : mais qu’est-ce qu’elle fout dans cette galère ?
S’ensuit un véritable défilé de têtes d’affiche : Gilles Lellouche, Louis Garrel, Romain Duris, Valeria Bruni Tedeschi, Artus… Comment ont-ils tous accepté de jouer dans ce film ? Peut-être pour la promesse d’un thriller futuriste à la française, un polar sous stéroïdes, un blockbuster social. Sur le papier, pourquoi pas.
Le scénario s’inspire directement de notre époque anxiogène : l’intelligence artificielle bouleverse le monde, alors pourquoi ne pas imaginer qu’elle gère aussi la police ? Paris est désormais divisé en trois zones selon les classes sociales (Zone 1 : les riches ; Zone 2 : la classe moyenne ; Zone 3 : les pauvres). Une IA nommée ALMA a révolutionné le maintien de l’ordre… jusqu’au jour où son inventeur est assassiné. Deux policiers que tout oppose, Salia (Adèle Exarchopoulos) et Zem (Gilles Lellouche), sont contraints de faire équipe pour résoudre l’enquête.
Sur le fond, Chien 51 coche toutes les cases du film dystopique engagé : critique de la fracture sociale, mise en garde contre les dérives technologiques, portrait d’une société à la surveillance généralisée. Certains critiques y voient une réussite rare pour un film de science-fiction français, saluant l’univers visuel cohérent, les effets spéciaux crédibles, et la maîtrise formelle de Cédric Jimenez, habitué aux polars sous tension (Bac Nord, Novembre, La French…). On vante aussi le casting solide, la photographie efficace, les mouvements de caméra audacieux, et une intrigue accessible au grand public.
Mais moi, je reste plus circonspect. L’alchimie entre les deux personnages fonctionne, certes, mais le tout manque cruellement de subtilité. La mise en scène, pourtant spectaculaire, peine à compenser un scénario un peu prévisible et un univers qui semble déjà-vu. Chien 51 (dont je n’ai toujours pas compris le titre, à moins d’avoir raté une ligne de dialogue cruciale) n’est clairement pas ma came. Cela dit, le film plaira sans doute à un large public, friand d’action, de rythme, et de récits dystopiques faciles à décrypter.
Bref, c’est un film qui divise : certains y verront un signal d’alarme salutaire, un vrai cinéma de genre français engagé ; d’autres, comme moi, resteront à la porte de cette société sous IA, un peu trop caricaturale, un peu trop bruyante.
Mais au moins, on en parle. Et ça, c’est déjà une victoire pour le cinéma français d’anticipation.
Fiche technique :
Titre : Chien 51
Réalisation : Cédric Jimenez
Avec : Gilles Lellouche, Adèle Exarchopoulos, Louis Garrel, Romain Duris, Valeria Bruni Tedeschi, Artus, Hugo Dillon, Stéphane Bak, Daphné Patakia
Pays : France, Belgique
Genre : Drame, Science-fiction, Policier
Date de sortie : 15 octobre 2025 (France – Belgique)
Durée : 1h40
Sélection : Hors compétition – Biennale de Venise septembre 2025

