CINEMA : « The Long Walk » (Marche ou crève) de Francis Lawrence

Dans un futur indéterminé, une compétition appelée La Longue Marche est diffusée avec succès chaque année à la télévision à partir du 1er mai. Un groupe d’adolescents doit marcher jour et nuit sans interruption aucune, à un rythme minimal imposé, aussi longtemps que nécessaire pour déterminer un vainqueur. Cette année, le jeune Ray Garraty fait partie des cent candidats.

Adapter Stephen King n’est jamais simple, encore moins quand il s’agit de The Long Walk, roman publié en 1979 sous le pseudonyme Richard Bachman, mais écrit dès les années 1960. Inspiré par l’image de jeunes soldats partant en Indochine, King en a tiré une métaphore glaçante : cent adolescents contraints de marcher sans jamais s’arrêter, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un seul en vie.

Le film reprend fidèlement ce dispositif minimaliste : 1h48 de marche, de dialogues et de lente usure physique et psychologique. Et c’est là sa limite. Car ce qui fonctionne en littérature — la répétition, l’intériorité, la lente descente vers l’absurde — se heurte à la durée et à l’image. À l’écran, difficile de maintenir la tension sans lasser, et pourtant, Francis Lawrence y parvient même si on aurait pu un peu raccourcir…

Mais réduire The Long Walk à un simple jeu mortel serait une erreur. Comme dans Le Prix du danger (1983), The Running Man (1987) ou plus récemment Squid Game, le film dénonce une société qui transforme la mort en spectacle. Ici, ce n’est pas seulement une télé-réalité extrême : c’est une parabole sur la guerre, la jeunesse sacrifiée et l’absurdité de la compétition poussée jusqu’à la destruction.

Le récit prend toute sa force dans la relation fraternelle qui naît entre deux garçons — un homme blanc et un homme racisé — qui découvrent en l’autre le frère qu’ils n’ont jamais eu. Pendant quatre jours, ils deviennent des compagnons d’armes, avant que la logique implacable de la marche ne reprenne ses droits. Le film ose une fin inattendue : mais on ne va pas spoiler !

Bien sûr, on peut sourire devant l’invraisemblance physique : marcher plus de 200 miles sans sommeil, sans ampoules, sans effondrement paraît impossible. Mais l’essentiel est ailleurs. Plus qu’un défi de résistance, The Long Walk est une allégorie. Ce qui compte n’est pas la vraisemblance, mais le message : l’horreur n’est pas tant dans la marche que dans la société qui l’organise.

Fiche technique :
Titre : The Long Walk (Marche ou crève)
Réalisation : Francis Lawrence
Avec : Cooper Hoffman, David Jonsson, Mark Hamill, Charlie Plummer, Ben Wang, Roman Griffin Davis, Judy Greer
Pays : États-Unis
Genre : Thriller, Horreur
Date de sortie : 01 octobre 2025 (France – Belgique)
Durée : 1h48

Affiche du film « The Long Walk » de Francis Lawrence

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