Harvey Weinstein est un producteur de cinema très influent à Hollywood. Le 5 octobre 2017, un article du New York Times, écrit par Jodi Kantor et Megan Twohey, l’accuse de nombreux faits de harcèlement sexuel. L’homme tombe. A la suite de cet article, 70 femmes l’accuseront à des degrés divers de harcèlement, d’agression sexuelle et de viol. Suite à cette affaire devenue mondiale, le hashtag #balancetonporc est lancé par la journaliste Sandra Muller le 13 octobre 2017 sur le réseau social Twitter. Il sera rapidement suivi par le hashtag #MeToo. Ils provoquent la libération de la parole de nombreuses femmes évoquant leurs agressions et harcèlements perpétrés par des hommes dans tous les milieux.
La chasse à l’homme est ouverte.
Le 22 octobre 2017, dans une longue enquête du Los Angeles Times, 38 femmes accusent à leur tour le réalisateur James Toback. Le 29 octobre 2017, l’acteur Kevin Spacey est accusé par l’acteur Anthony Rapp de lui avoir fait des avances sexuelles non désirées lors d’une soirée (trop arrosée) en 1986. Rapp était alors âgé de 14 ans et Spacey âgé de 26 ans. De cette déclaration, Kevin Spacey fit son coming out et Netflix décida d’arrêter la série House of cards. Gilbert Rozon, fondateur du festival Juste pour rire et juré dans l’émission de M6 La France a un incroyable talent est à son tour accusé de harcèlement et d’agressions sexuelles par 9 femmes. Le lendemain, M6 annonce la suspension du programme et remonte ce dernier afin de faire disparaître l’encombrant juré.
Les médias s’emparent du mouvement et chaque invité de talk show se voit obligé de répondre à la question « Que pensez-vous de l’affaire Weinstein ?« . Pas difficile à répondre. Et à la question « Que pensez-vous du hashtag #balancetonporc ?« . Bien plus compliqué à y répondre. Catherine Deneuve en fit les frais dans l’émission Quotidien de Yann Barthès sur TMC notamment. Elle était venue défendre le film Tout nous sépare. L’acteur-chanteur Nekfeu avec qui elle partage l’affiche était pour, elle plutôt contre.
De sa prise de position, l’actrice française s’est faite allumée sur les réseaux sociaux. En Belgique, Myriam Leroy trouve indécent, dans une carte blanche dans Le Soir, de s’interroger sur l’utilité ou non d’un tel hashtag.
Et pourtant, si d’un premier abord, on peut trouver salutaire que l’affaire Weinstein ait libéré la parole de nombreuses femmes et hommes victimes d’agressions sexuelles, on est en droit de se demander si Twitter (une fois de plus) n’est pas un dévidoir de haine et de vengeance gratuite. Et les médias dans tout ça ? Avide de puta-clics, certains sont prêts à tout pour faire le buzz. Nicolas Bedos dévoilera l’envers du décor de cette chasse à l’homme dans un article publié sur le HuffingtonPost.
Il y dévoile qu’une journaliste lui a téléphoné afin qu’il dénonce un homme qui aurait dérapé. Elle lui demande s’il n’aurait pas « en magasin quelques infos croustillantes concernant des agressions sexuelles commises dans le milieu du showbiz« .
Nicolas Bedos s’interroge sur cette manière de faire et sur le monde dans lequel nous vivons. De manière très juste et avec beaucoup de pincettes car il sait qu’il se fera lynché à la sortie, il raconte son expérience et donne son avis sur #balancetonporc. A la sortie les avis sont partagés sur cette prise de position. Il y a ceux qui mettent en avant la priorité de la libération de la parole, il y a ceux qui y voient un dangereux mode de fonctionnement.
Pendant ce temps, les révélations se succèdent : Kevin Spacey continue à faire la une des journaux avec de nouvelles accusations. L’homme ne s’en sortira certainement pas. Il vient d’ailleurs d’être remplacé dans le prochain film de Ridley Scott alors qu’une bonne partie de ses scènes avaient déjà été tournées.
En France, une enquête est ouverte après la plainte pour viol visant l’islamologue et théologien suisse Tariq Ramadan. Ed Westwick, acteur dans Gossip Girl, est accusé de viol par deux actrices, Charlie Sheen est accusé de viol sur un adolescent de 13 ans, Robert Knepper (Prison Break) est accusé d’agression sexuelle, Mariah Carey est accusée de harcèlement sexuel par des gardes du corps, …
Une réflexion sur “AFFAIRE WEINSTEIN : Juste un nom”