La deuxième journée de la 72ème édition du Festival de Cannes a démarré sous la pluie, une tristesse grise à la couleur du cœur malheureux du candidat belge, Eliot, qui n’a pas passé le cap de la demi-finale au Concours Eurovision de la chanson ce mardi 14 mai 2019 à Tel Aviv (Israël)… à la couleur aussi des audiences de la RTBf qui retransmettait cette demi-finale…
Heureusement, en fin de matinée le soleil est revenu, un bleu azur a illuminé la croisette… la couleur (pour rester dans la belgitude) du cœur de Marka, le papa d’Angèle qui a rendu hommage hier soir à Agnès Varda lors de la cérémonie d’ouverture.
Et pendant cette transformation météorologique, Nicolas Gilson s’était enfermé au Théâtre Croisette pour y découvrir en avant-première mondiale le nouveau film de Quentin Dupieux, « Le Daim« , avec Jean Dujardin et Adèle Haenel. Le film d’à peine 1h17 a été projeté en ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs et est, certainement pour moi, un des événements majeurs de ce festival tant je suis fan du cinéma du réalisateur.
« Je pense que tu devrais aimer » me dit d’emblée Nicolas Gilson, « en même temps, ça ne casse pas trois pattes à un canard mais c’est bien qu’il soit en ouverture de la Quinzaine. Je pense que s’il avait été en sélection officielle, il se serait fait démonter ! ».
L »histoire est celle de Georges, 44 ans, et son blouson, 100% daim, qui vont avoir une relation fusionnelle.
« Comme souvent (et peut-être toujours) avec Quentin Dupieux, le scénario tient sur un timbre poste ! » complète Nicolas. « Le film a une énergie naïve tout en étant creux et sans vraiment de message hormis celui (peut-être) de critiquer l’intelligentsia qui se vautre devant un film d’auteur… ».
L’histoire est donc celle de George, incarné par Jean Dujardin, qui part acheter une veste en daim. Comme geste commercial, le vendeur lui offre un caméscope. Rapidement, George et sa veste ont un projet : George rêve de devenir cinéaste grâce au caméscope qu’il vient de recevoir et sa veste en daim rêve de devenir la seule veste en daim au monde.
« Oui, » me confirme Nicolas « la veste et George se parlent ! Et puis, tu as le personnage interprété par Adèle Haenel, une serveuse de bar, monteuse autodidacte qui s’est notamment aventurée à remonter Pulp Fiction dans sa chronologie, qui monte les images de Georges et qui voit dans son art un virulent propos sur la société. Adèle Haenel est vraiment bien ! » conclut Nicolas. « Notons, enfin, la couleur du film où tout est brun, tout est beige ! ».
Nicolas n’est pas resté sur cette aventure cinématographique matinale, la journée s’est poursuivie par les projections du premier long métrage de Monia Chokri, « La femme de mon frère« , présenté dans la section Un Certain Regard et par la projection de « Les Misérables » de Ladj Ly, présenté en compétition officielle.
« Grosse déception pour le film de Monia Chokri dont j’avais tant aimé son court-métrage » me dévoile Nicolas Gilson, « aucune originalité, pas d’univers singulier, très étonnant de mettre ce film en ouverture d’Un Certain Regard ».
Lukas Dhont (Girl), membre du Jury de cette sélection et Xavier Dolan qui nous avait fait découvrir l’actrice – réalisatrice dans « Les Amours Imaginaires » en 2010 étaient tous les deux présents dans la salle. On se demande bien s’ils ont le même avis que Nicolas !?!
Et « Les Misérables » ? « Première claque de ce festival ! Il y a bien quelques longueurs mais heureusement elles nous permettent de nous sortir du scénario glaçant qui à la fois se rapproche du documentaire et en même temps semble très écrit. »
Le film de Ladj Ly démarre sur la liesse populaire sur les Champs Elysées lors de la victoire des Bleus à la coupe du monde de football. Des personnes de différentes origines et de différentes classes sociales sont ensemble pour fêter une fierté nationale. Ensuite, on suit Stéphane (incarné par l’excellent Damien Bonnard), tout juste arrivé de Cherbourg, qui intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 9.3. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier.
« Mon ressenti pour ce film est que ces populations oubliées de tous n’ont aucun avenir, aucun espoir. C’est un film hyper noir. Il m’a vraiment foutu le bourdon. Même s’il a quelques longueurs, même s’il n’en finit pas, comme s’il avait plusieurs fins, Les Misérables est une vraie première claque en compétition officielle. » » nous déclare émerveillé Nicolas Gilson.
3 réflexions sur “CANNES 2019 : Il était une fois un daim mouillé…”