La cérémonie d’ouverture de l’édition 2025 du Festival de Cannes s’est tenue ce mardi 13 mai au Palais des Festivals avec un discours politique de Robert De Niro qui recevait une Palme d’or d’honneur : « Merci infiniment au Festival de Cannes d’avoir créé cette communauté, cet univers, ce “chez soi” pour ceux qui aiment raconter des histoires sur grand écran. Le Festival est une plateforme d’idées, la célébration de notre travail. Cannes est une terre fertile où se créent de nouveaux projets.
Dans mon pays, nous luttons d’arrache-pied pour défendre la démocratie, que nous considérions comme acquise. Cela concerne tout le monde. Car les arts sont, par essence, démocratiques. L’art est inclusif, il réunit les gens. L’art est une quête de la liberté. Il inclut la diversité. C’est pourquoi l’art est une menace aujourd’hui. C’est pourquoi nous sommes une menace pour les autocrates et les fascistes de ce monde.
Nous devons agir, et tout de suite. Sans violence, mais avec passion et détermination. Le temps est venu. Tout un chacun qui tient à la liberté doit s’organiser, protester et voter lorsqu’il y a des élections. Ce soir, nous allons montrer notre engagement en rendant hommage aux arts, ainsi qu’à la liberté, à l’égalité et à la fraternité.«
De nombreux hommages ont également été rendu, notamment pour l’actrice belge Émilie Dequenne, » Elle est née au Festival de Cannes, sa délicatesse humble et puissante va manquer, j’aimerais dédicacer cette cérémonie d’ouverture à Émilie Dequenne. » a déclaré Laurent Lafitte, présentateur de la cérémonie.
Le Maître des cérémonies a ensuite invité à le rejoindre sur scène les neuf audacieux qui composent cette année le Jury international des Longs Métrages : Halle Berry, Payal Kapadia, Alba Rohrwacher, Leïla Slimani, Dieudo Hamadi, Hong Sangsoo, Carlos Reygadas et Jeremy Strong, et leur présidente : Juliette Binoche qui a porté une parole attentive aux grondements du monde actuel, invitant à faire naître la douceur, la confiance, à guérir notre ignorance, à lâcher nos peurs, notre égoïsme, à changer de cap et, face à l’orgueil, à retrouver de l’humilité : « Dans toutes les régions du monde, a-t-elle ajouté, des artistes luttent tous les jours et font de cette résistance un art. Le 16 avril dernier à l’aube, à Gaza, âgée de 25 ans, la photojournaliste Fatima Hassouna et dix de ses proches ont été tués par un missile qui a frappé leur maison. Elle avait écrit : “La mort m’a traversée. La balle du tireur m’a traversée, et je suis devenue un ange.” La veille de sa mort, elle avait appris que le film dans lequel elle figurait était sélectionné ici, au Festival de Cannes. Fatima aurait dû être parmi nous ce soir. L’art reste, il est le témoignage puissant de nos vies, de nos rêves, et nous, spectateurs, nous l’embrassons. Que le Festival de Cannes, où tout peut basculer, y contribue !«
Hommage encore, cette fois à l’immense cinéaste disparu en janvier dernier, David Lynch. Avec celle qui entre alors en scène, il partageait le goût de l’étrange et des secrets. La chanteuse franco-canadienne Mylène Farmer a interprété pour lui, de sa voix aérienne, un titre inédit invitant à la paix d’un long sommeil.
Le film d’ouverture fut « Partir un jour » de Amélie Bonnin avec Juliette Armanet, Bastien Bouillon, François Rollin. si la presse française encense le jeu de la chanteuse Juliette Armanet et si la salle semble avoir aimé le film, il n’en est pas de même pour Nicolas Gilson, le programmateur du cinéma Palace à Bruxelles et notre correspondant à Cannes pour l’Instagram Mister Emma… Il aura bien plus vibré devant « Enzo » de Laurent Cantet et Robin Campillo. Le film raconte l’histoire d’un apprenti maçon de 16 ans à La Ciotat. Pressé par son père qui le voyait faire des études supérieures, le jeune homme cherche à échapper au cadre confortable mais étouffant de la villa familiale. C’est sur les chantiers, au contact de Vlad, un collègue ukrainien, qu’Enzo va entrevoir un nouvel horizon. Le décès de Laurent Cantet en 2024 et la reprise en main par son ami Robin Campillo donne un film profond où le jeu de la caméra nous emporte dans l’univers des réalisateurs.