Aussi pétillante qu’émouvante, à l’aise sur tous les terrains de cinéma, comédienne mais aussi scénariste et réalisatrice, Déborah François endossera avec panache le 22 février prochain le costume de Présidente de la 14e Cérémonie des Magritte du Cinéma.
« J’étais très étonnée quand on m’a proposé d’être Présidente de cette 14e Cérémonie, mais j’en suis très honorée. Je suis toujours très preneuse quand on m’appelle pour revenir en Belgique, et je suis absolument ravie d’y revenir sur la scène des Magritte du Cinéma, de pouvoir retrouver le milieu du cinéma belge, et j’espère bien que nous allons faire de cette Cérémonie quelque chose de très dynamique et divertissant avec Charline Vanhoenacker. On a tellement de talents en Belgique, une audace toute surréaliste, et surtout, une vraie liberté de ton. Et par les temps qui courent, cette liberté n’est que plus précieuse. »
Déborah François est née au cinéma il y a tout juste 20 ans, sous le regard des frères Dardenne, ses pères de pellicule. Il est des naissances au cinéma qui se font dans la fulgurance, c’est le cas de la sienne. Dans L’Enfant, elle est Sonia, une jeune fille déboussolée qui alors qu’elle sort tout juste de la maternité, voit son jeune compagnon, acculé de dettes, vendre leur bébé. Bien qu’il tente de rattraper son erreur, ce geste inexplicable plonge Sonia dans une douleur abyssale. Déborah François est de ces révélations qui restent, sa présence irradie devant la caméra des Dardenne, auxquels on ne peut que reconnaître un talent singulier quand il s’agit de découvrir des actrices. Outre la Palme d’or, le film vaut également un Prix Joseph Plateau de la Meilleure actrice à la jeune femme, qui, prise dans les soubresauts du tourbillon cannois, questionne encore son avenir. Très vite pourtant, les rôles s’enchainent. Denis Dercourt lui offre le rôle principal de La Tourneuse de page, aux côtés de Catherine Frot, qui la ramène à Cannes, et lui vaut sa déjà deuxième nomination pour le César du Meilleur espoir féminin après celle décrochée pour L’Enfant.
En 2008, deux rôles emblématiques achèvent d’inscrire son nom sur les tablettes du cinéma francophone. Dans Les Femmes de l’ombre de Jean-Paul Salomé, elle est Gaëlle Lemenech, jeune chimiste qui s’engage corps et âme dans la Résistance. Elle partage l’affiche de ce film historique d’espionnage au féminin avec Sophie Marceau, Julie Depardieu, et une autre comédienne belge, Marie Gillain. Dans un tout autre registre, elle est la cadette de la famille Duval dans Le Premier Jour du reste de ta vie, film devenu culte de Rémi Bezançon, 9 fois nominé aux César, et qui vaut à Déborah celui du Meilleur espoir féminin. Elle reçoit également pour ce film le prestigieux Prix Romy Schneider.
Après avoir fait un détour gagnant en Belgique pour My Queen Karo de Dorothée Van Den Berghe dont elle partage l’affiche avec un certain Matthias Schoenaerts, exploré les univers cinématographiques d’Emmanuel Mouret ou Dominik Moll, et incarné Les Tribulations d’une caissière dans le film adapté du livre phénomène d’Anna Sam, elle devient Rose Pamphyle, l’héroïne de Populaire, la comédie à succès de Régis Roinsard. Pour incarner cette jeune secrétaire qui rêve d’indépendance à l’aube des années 60, elle suit des cours de sténo pendant 7 mois, après avoir été choisie parmi près de 150 comédiennes ! Sa vivacité et son jeu toujours sur la brèche font merveille face à l’assurance de Romain Duris. Elle est nominée pour le Magritte de la Meilleure actrice pour son interprétation, comme l’année précédente pour Les Tribulations, et l’année suivante pour Maestro de Lea Fazer.
Alors qu’elle a débuté chez les maîtres du cinéma d’auteur, Déborah François élargit avec enthousiasme sa palette de jeu, déployant son talent dans un cinéma plus populaire. En 2016, elle s’essaie à la franche comédie dans Ma famille t’adore déjà !, premier long métrage comme réalisateur de Jérôme Commandeur, avant de changer radicalement de registre dans Fleur de tonnerre, biopic de la plus prolifique des tueuses en série française, Hélène Jégado, empoisonneuse qui sévit au début du XIXe siècle en Bretagne.
A l’orée des années 2020, Déborah François a la bougeotte, et explore de nouveaux territoires géographiques, linguistiques, et stylistiques. On la retrouve en Californie à la fin du XIXe siècle face à John Cusack dans Never Grow Old, western du réalisateur irlandais Ivan Kavanagh, en 2019 à Taïwan dans le drame romantique L’Autre Continent de Romain Cogitore, ou encore en Espagne dans le thriller psychologique Irrémédiable de Carles Torras.
Après avoir également travaillé à la télévision – notamment dans un épisode de Capitaine Marleau, série adorée du public, ou encore dans l’adaptation des Particules Elémentaires de Michel Houellebecq, elle se tourne vers l’écriture (elle co-scénarise le long métrage espagnol Ma solitude a des ailes de Mario Casa), ainsi que vers la réalisation, avec le court métrage Mouton Noir, dévoilé au Festival de Cannes en 2022 dans le cadre des Talents Adami. Elle sera de retour au cinéma en 2025 dans Fanon de Jean-Claude Barny, le biopic consacré au célèbre militant anticolonialiste qui sortira au printemps, ainsi que dans le tout nouveau film de Lucas Belvaux, Les Tourmentés, adapté de son premier roman, au générique duquel apparaissent également Niels Schneider et Ramzy Bedia.
En attendant, on la retrouvera le 22 février prochain sur la scène du Studio 4 de Flagey, aux côtés de la Maîtresse de Cérémonie, Charline Vanhoenacker.
L’Académie André Delvaux est fière de confier la Présidence de la 14e édition de la Cérémonie des Magritte du Cinéma à Déborah François, qui succède ainsi à Bouli Lanners, Lubna Azabal, Thierry Michel, Pascal Duquenne, Patar & Aubier, Natacha Régnier, Virginie Efira, Marie Gillain, François Damiens, Emilie Dequenne, Yolande Moreau, Bertrand Tavernier et Jaco Van Dormael.