Ce vendredi 13 novembre 2015, c’est mon anniversaire. J’ai 23 ans… x2 ! Le réveil se fait câlin. Je reçois un pull et un joli bouquet de fleurs. Les « joyeux anniversaire » pleuvent sur mon Facebook et par texto. J’ai bien envie de faire un vlog demain pour remercier tout le monde.

En déjeunant, Yannick et moi écoutons les informations : iTélé annonce une marche blanche en marge de l’agression homophone dont Clément Grobotek et son ami ont été victime à Montpellier ce mardi 10 novembre.

Le journaliste nous parle également de la croissance enfin retrouvée de la France : 0,3%, c’est encore timide mais François Hollande est confiant. Il entrevoit du bout des lèvres le bout du tunnel. L’information du jour est également marquée par une grève des médecins en France et par l’annonce de la mort de Jihadi John, le bourreau de Daesh.

Il est 11h30 lorsque je quitte mon domicile pour me rendre à une avant-première presse et découvrir Une histoire de fou de Robert Guédiguian. Le film revient sur le génocide arménien et les attentats qui ont été perpétré en Europe dans les années 70 et notamment celui de Paris où Aram, jeune marseillais d’origine arménienne, avait fait sauter la voiture de l’ambassadeur de Turquie.

Avant de rentrer dans la salle, je discute avec la distributrice du film Black de Adil El Arbi et Bilall Fallah et avec le programmateur du cinéma Aventure (qui projette le film). La veille, des émeutes avaient eu lieu au Kinepolis de Bruxelles en raison de jeunes de moins de 16 ans qui avaient tenté d’aller voir le film. La première me disait qu’à part les incidents du Kinépolis, toutes les séances s’étaient déroulées correctement. Le second me confirmera que, de son côté, tout s’est très bien déroulé avec le sourire et la bonne humeur. Plus tard dans la journée, je recevrais ce communiqué de presse :

Suite aux incidents survenus ce mercredi au début de la projection de Black, le groupe Kinepolis, en accord avec les réalisateurs, le producteur et Kinepolis Film Distribution, a décidé d’adapter la programmation de Black à Kinepolis Bruxelles ce week-end. Les projections de ce vendredi 13 novembre sont suspendues entre autres en raison de l’affluence attendue sur le plateau du Heizel pour le match amical Belgique-Italie au stade Roi Baudouin.

Après le film, je me suis rendu à un rendez-vous d’affaire, puis ai été manger un gâteau avec un ami, puis suis rentré chez moi pour une soirée tranquille. Après avoir regardé la dernière quotidienne de Secret Story, je zappe sur le journal de France 2 qui nous reparle de la croissance et nous montre un reportage sur les intentions d’achat pour Noël des français. La croissance et la confiance sont bel et bien au rendez-vous. La vie est belle.

Nous avons ensuite regardé l’Attaque des Clones sur Club RTL. Ce second volet de la saga Star Wars (sorti en 2002) met en scène l’apprentissage du Padawan Anakin Skywalker (futur Dark Vador). On sent dans ce second opus la montée de la force du mal :

Un groupe de dissidents, mené par le sombre Jedi comte Dooku, manifeste son mécontentement envers le fonctionnement du régime. Le Sénat et la population intergalactique se montrent pour leur part inquiets face à l’émergence d’une telle menace.
Certains sénateurs demandent à ce que la République soit dotée d’une solide armée pour empêcher que la situation ne se détériore davantage.
Obi-Wan Kenobi découvre, quant à lui, la constitution d’une mystérieuse armée de clones…

Il est environ 23h lorsque notre amie Bambi arrive à notre domicile. Nous devons sortir  au Mirano Continental. Nous arrêtons le film pour l’accueillir et j’en profite pour zapper sur TF1 afin voir le démarrage de la finale de Secret Story. Et, là, nous découvrons l’horreur. Paris est sous le feu de 6 attentats pratiquement simultanés. Le décompte des morts ne cessent de s’accroître.

Je ne peux m’empêcher de repenser au film de Robert Guédiguian. Aussi éprouvant soit-il dans sa réalisation et dans le jeu des acteurs, je me dis qu’il faut voir ce film pour comprendre (ou tout au moins tenter) les raisons de commettre un attentat et de le commettre dans des lieux aussi éloignés des revendications que sont Le Petit Cambodge ou un concert des Eagles of Death Metal.

Je ne peux m’empêcher de penser à Emilie, Loïc, Remi et Jonathan. Ironie du sort, alors que les finalistes de SS9 peuvent enfin quitter leur enfermement, François Hollande demande aux parisiens de rester enfermés chez eux. TF1 annoncera que la réalité prend le pas sur la télé-réalité. La finale est annulée et Emilie serait la gagnante mais tout le monde s’en fout… à l’exception de son frère, Loïc, qui donne l’information sur son Instragram.

Sur les réseaux sociaux, les « Je suis Paris » et les graphismes en tout genre en soutien aux victimes des attentats commencent à voir le jour. Celui qui retiendra peut-être plus l’attention que les autres et qui deviendra peut-être le symbole de cette dramatique soirée est l’œuvre de l’artiste Jean Jullien, Peace for Paris.

Très rapidement, une nouvelle app appelée « Safety Check » fait son apparition sur Facebook. Elle permet grâce à la géocalisation de savoir si vos amis sont sain et sauf. Cet outil avait été lancé il y a quelques semaines après le tremblement de terre en Afghanistan et au Pakistan. Toutes personnes présentent à Paris et sur Facebook ont reçu une notification leur demandant s’ils se trouvaient dans la zone touchée par les attaques et s’ils étaient en sécurité. Dès que le check fut fait, les amis de ces personnes ont reçu une notification pour les prévenir que leurs amis parisiens sont en sécurité.

Il est pratiquement 1h du matin. Nous nous demandons ce que nous devons faire mais nous décidons de prendre le parti de Clément Grobotek et de sourire face aux extrémistes en tous genres. Nous nous rendons à la Love.

Quel magnifique nom pour ce vendredi 13.