Avec Six jours, ce printemps-là, Joachim Lafosse nous propose un film lumineux en apparenc, mais toujours habité par les failles humaines du cercle intime de la famille. À travers le personnage de Sana, mère de deux jumeaux, le réalisateur explore la précarité émotionnelle et économique d’une femme qui, malgré les obstacles, tente de préserver une bulle de bonheur pour ses enfants.
L’intrigue est aussi simple qu’essentielle : les vacances de printemps qu’elle avait prévues tombent à l’eau, et Sana improvise. Elle décide d’emmener ses enfants dans la maison de ses ex-beaux-parents, sur la Côte d’Azur, sans les prévenir. Une fugue en douce, presque enfantine, où l’illégalité côtoie la douceur — là réside toute la complexité du film. Ces six jours de soleil deviennent une échappée belle, une brèche dans la vie, mais aussi une ligne de fracture qui marque la fin de l’insouciance.
Eye Haïdara incarne Sana avec force et nuance. Sa présence, à la fois déterminée et fragile, donne au film une profondeur humaine indéniable, soutenue par l’énergie des deux jeunes acteurs qui jouent ses fils. Ensemble, ils composent une famille crédible, soudée par l’amour mais traversée de silences et non-dits.
Visuellement, le film se distingue : la lumière éclatante du Sud, l’immobilité apparente de la villa vide, les jeux d’eau, de nature, de silence, contrastent avec la tension latente de la situation. Lafosse filme l’attente, les gestes ordinaires, les laps de temps suspendus. Joachim Lafosse nous parle également du déclassement social. On comprend que Sana avait accès à un certain niveau de vie en tant que femme de son mari mais la séparation l’a mise à l’écart de cette vie. La séparation a fragilisé sa vie et son pouvoir d’achat.
Six jours, ce printemps-là n’est pas le film le plus fort de Lafosse, mais il possède une sincérité, une justesse dans l’observation des êtres. Un film qui touche, sans bouleverser, mais qui parle vrai.
Fiche technique :
Titre : Six jours, ce printemps-là
Réalisation : Joachim Lafosse
Avec : Eye Haïdara, Jules Waringo, Leonis Pinero Müller
Pays : France, Belgique, Luxembourg
Genre : Drame
Date de sortie : 12 novembre 2025 (France) – 10 décembre 2025 (Belgique)
Durée : 1h34
Récompense : Meilleur réalisateur, meilleur scénario au San Sebastian Film Festival 2025

