Après la Seconde Guerre mondiale, László Toth (Adrien Brody), un architecte juif hongrois et survivant d’un camp de concentration, émigre aux États-Unis. Il espère y reconstruire sa vie, réaliser son rêve américain et faire venir son épouse, Erzsébet (Felicity Jones).
Bien que László Toth soit un personnage fictif, son parcours évoque celui de nombreux architectes européens ayant fui la guerre et les régimes totalitaires pour poursuivre leur œuvre en Amérique. Des figures comme Marcel Breuer, Ernst Neufert ou Ludwig Mies van der Rohe ont ainsi marqué de leur empreinte l’architecture moderne aux États-Unis.
Le film est long (3h35), mais il est structuré en deux parties avec un entracte à 1h40, offrant une pause bienvenue. En fin de compte, cela revient à voir deux films d’1h40, rendant la durée plus digeste.
Si j’ai apprécié la première partie, centrée sur l’arrivée de Toth aux États-Unis et sa rencontre avec Harrison Lee Van Buren (Guy Pearce), un riche homme d’affaires colérique et raciste de prime abord, mais qui se révèle un allié de poids, j’ai été moins convaincu par la seconde moitié.
Fasciné par une bibliothèque conçue par Toth à la demande de son fils, Van Buren lui commande un bâtiment monumental en hommage à sa défunte mère. Cette œuvre titanesque, dont la construction s’étale sur plusieurs années, devient le théâtre de tensions, d’espoirs, de disputes et, finalement, d’une reconnaissance tardive pour l’architecte.
La seconde partie quitte l’architecture, on reste dans les méandres de la construction de ce bâtiment et le réalisateur recentre son histoire sur la relation du couple, explorant ses tourments amoureux et une sinistre histoire de viol dont la pertinence dans le récit reste discutable. Alors que l’épilogue suggère que l’architecte a eu une carrière remarquable, le film s’attarde presque exclusivement sur les obstacles liés à ce bâtiment, noyant son ambition initiale dans un excès de drame.
Le titre fait référence au brutalisme, un courant architectural apparu dans les années 1950, principalement en Europe et en Amérique du Nord. Il est caractérisé par l’usage du béton brut (d’où son nom, dérivé du français béton brut, utilisé par Le Corbusier), des formes massives et une esthétique fonctionnelle qui met en avant la structure plutôt que l’ornementation.
Le brutalisme trouve ses racines dans le modernisme et dans l’œuvre de Le Corbusier, notamment son Unité d’Habitation (Marseille, 1952), qui illustre une architecture monumentale en béton avec une approche fonctionnelle et sociale. Ce style s’est développé après la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte de reconstruction massive et de recherche d’une architecture économique, robuste et adaptée à des besoins collectifs comme les logements sociaux, les écoles et les bâtiments institutionnels.
Exemples célèbres de l’architecture brutaliste
- La Cité Radieuse (Marseille, Le Corbusier, 1952)
- Le Barbican Estate (Londres, 1965-1976)
- Boston City Hall (USA, 1968)
- La Maison du Brésil (Paris, 1959, Le Corbusier & Lucio Costa)
- La Bourse du Travail (Bobigny, 1978)
En résumé, The Brutalist propose une première partie captivante, où l’architecture joue un rôle central, mais s’essouffle ensuite dans un mélodrame pesant, occultant l’ampleur du parcours de son protagoniste.
Fiche technique :
Titre : The Brutalist
Réalisation : Brady Corbet
Avec : Adrien Brody, Felicity Jones, Guy Pearce
Pays : États-Unis, Royaume-Uni Hongrie
Genre : Drame
Date de sortie : 05 février 2025 (Belgique) – 12 février 2025 (France)
Durée : 3h35
