Lire le dossier « Gilets Jaunes, du mouvement citoyen ou montre aux mille visages« , qui concerne l’histoire du mouvement en 2018 : cliquez ICI.

Les gilets jaunes ont poursuivi leur mouvement durant les fêtes de fin d’année 2018 afin de garder une certaine pression sur les promesses du gouvernement d’Emmanuel Macron mais, avec la trêve des confiseurs, la pression ressemblait plus à un pétard mouillé qu’à un feu d’artifice. D’ailleurs, celui du 31 décembre fut magique avec 250.000 badauds sur les Champs-Elysées… et à peine 200 gilets jaunes. Les images diffusées dans le monde entier contrastaient à 1000% avec celles de l’assaut de l’arc de Triomphe le 1er décembre.

Alors 2019 allait-il être un enterrement ou une résurrection ? Lisez le dossier ci-dessous pour découvrir tous les détails de ce mouvement hors norme qui a secoué la France.

Juste avant l’acte VIII du samedi 5 janvier 2018, une figure emblématique du mouvement, Eric Drouet, avait orchestré sa troisième garde à vue afin de choquer les français de son « arrestation politique ». Il sera jugé le 15 février pour « organisation d’une manifestation sans déclaration ». Entre-temps, Jean-Luc Mélanchon (Les Insoumis) a publié sa fascination pour le putschiste qui rêvait d’envahir l’Elysée (déclaration à l’antenne de BFM TV le 6 décembre 2018) lors de la manifestation du 7 décembre. Encore une tentative de récupération ou simplement un nouvel aveu de faiblesse ?

Quoiqu’il en soit, le mouvement des gilets jaunes profite bien plus au Rassemblement National de Marine Le Pen qu’aux Insoumis. Mais, il apparaît clairement que la constitution d’un parti politique ou d’un mouvement politique qui se présenterait aux élections (européennes notamment) concurrencerait immédiatement les mouvements protestataires. Cette nouvelle force politique s’installerait sur le créneau de la protestation avant de s’installer sur celle du macronisme qui garde une grande partie de son électorat.

Mais faudrait-il que les gilets jaunes parviennent à s’entendre pour créer une liste et une seule liste. Or à ce jour, chaque tentative a montré une grogne plus qu’un rassemblement…

Eric Drouet a d’ailleurs décidé de créer son propre collectif sur Facebook qu’il a intitulé « La France en colère !!! » en opposition à « La France en colère » (sans !!!), le collectif initial qu’il partageait avec Priscillia Ludosky. Cette dernière déclarera sur Facebook : « Je suis enfin libre de pouvoir dire que je ne travaille plus avec Eric Drouet depuis des semaines en raison de son comportement et je compte quand tout sera terminé expliquer tout ce qu’il a pu faire pour nuire au mouvement. »

A la veille de l’Acte VIII, deux autres événements viennent démontrer la radicalisation du mouvement :

  • la chanteuse Marguerite cartonne sur les réseaux sociaux avec une reprise de la chanson de Michel Fugain « Les gentils, les méchants » mais, rapidement, on découvre que la jeune femme était apparue en 2014 dans le clip d’une chanson anti-Mariage pour tous, intitulée « Veilleur je suis là« …
  • En parlant du Mariage pour tous, l’abrogation de la loi Taubira est la revendication qui a reçu le plus de votes lors de la consultation en ligne lancée par le Cese (Conseil économique, social et environnemental) du 15 décembre 2018 au 4 janvier 2019. Au total, 9000 contributions ont été déposées sur la plateforme censée recueillir les inquiétudes des citoyens, « gilets jaunes ou non ». Cette liste des thématiques ayant émergé avec la crise sont les prémices au grand débat national souhaité par Emmanuel Macron.

ACTE VIII

Ce premier acte de 2019 fut un grand succès avec 50.000 personnes dans les rues de France. On retiendra une meilleure coordination et des manifestations plus pacifiques car déclarées et coordonnées jusqu’au moment où elles ont changé le trajet annoncé et accepté. Là, la police est intervenue et les violences ont repris avec trois faits marquants :

  • Alors que des gilets jaunes tentaient de franchir la passerelle Senghor à Paris, un boxeur professionnel à visage découvert assène des coups à un policier et frappe à coups de pieds un autre membre des forces de l’ordre alors que ce dernier est à terre. Christophe Dettinger sera rapidement identifié. Sur Facebook, il publie une vidéo dans laquelle il regrette son geste. Il sera placé en détention provisoire dès le jeudi 10 janvier dans l’attente de son procès renvoyé au 13 février 2019.
  • A l’inverse, les médias diffusent les images de Didier Andrieux en train de frapper plusieurs gilets jaunes à Toulon. Fraichement décoré de la légion d’honneur, le commandant divisionnaire fait aujourd’hui l’objet d’une enquête de l’IGPN. Le procureur de la République de Toulon a, quant à lui, annoncé ne pas ouvrir d’enquête jugeant qu’il avait agi « proportionnellement à la menace » en neutralisant des « casseurs ». Y aurait-il deux poids deux mesures selon le camp dans lequel vous vous trouvez ? Les gilets jaunes et leurs sympathisants se posent la question…
  • Enfin, le porte-parole du gouvernement Benjamin Grivaux a été exfiltré de son ministère rue de Grenelle après qu’une quinzaine de gilets jaunes aient forcé la porte d’entrée à l’aide d’un engin de chantier.

En réponse à ces nouvelles violences, le Premier Ministre Edouard Philippe annonce le lundi 7 janvier 2019 au Journal de TF1 la mise en place – par la création d’une nouvelle loi – d’un dispositif interdisant l’accès aux manifestations de casseurs identifiés avec la création d’un fichier spécial.

Graphique sur l’importance du mouvement des gilets jaunes en France

Bernard Tapie a, quant à lui, ouvert les portes de son quotidien La Provence à une centaine de contestataires. Cette réunion avait pour objectif « de coordonner les actions le plus largement sur le territoire et de travailler à la création d’un vrai programme de société à travers l’ensemble des revendications » a expliqué Hayk Shahinyan, figure des gilets jaunes à Lyon qui ambitionne de présenter une liste aux élections européennes. Une réunion en vue d’une structuration qui n’a pas plu à d’autres gilets jaunes qui n’avaient pas été invités et qui sont venus protester par des sifflets aux cris de « collabos ». Une réunion qui n’a pas plu non plus à Sophie Manelli, élue du Syndicat national des journalistes : « Un journal indépendant et apolitique ne peut pas servir de base logistique à un mouvement politique. C’est incompatible. (…) Bernard Tapie peut porter un gilet jaune, mais qu’il invite ses nouveaux amis chez lui dans sa magnifique maison, un journal n’est pas un jouet ». (AFP)

De son côté, Jacline Mouraud a annoncé le 7 janvier 2019 la création d’un nouveau parti politique, « Les Émergents », afin de « rassembler les personnes contre la violence et pour le respect de nos institutions. »

Et les intimidations continuent… Ingrid Levavasseur – aide-soignante de 31 ans originaire de l’Eure ayant voté pour Emmanuel Macron aux Présidentielles – devait être présente dans l’émission « Et en même temps » le dimanche 6 décembre 2018 sur BFMTV. Cette nouvelle participation à une émission de télé devait servir de test afin qu’elle intervienne ensuite de manière « régulière » sur l’antenne. Mais « Face à de nombreuses menaces et intimidations, madame Levavasseur choisit de renoncer, nous le comprenons » déclare BFMTV.

Ingrid Levavasseur finira par former une liste « gilets jaunes » intitulée « ralliement d’initiative citoyenne » (RIC !) pour les élections européennes. Elle a expliqué sur le plateau de « L’émission politique » de France 2 le jeudi 24 janvier 2019 qu »elle allait à Bruxelles pour « intégrer le système » et y « faire remonter la voix du citoyen ». Autant dire que les fortes têtes du mouvement ont directement annoncé qu’ils ne voteraient pas pour elle. Elle n’est une une gilet jaune !

Lire nos autres dossiers « Gilets Jaunes » :

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