JEUX OLYMPIQUES – Paris 2024 : Les phobies des haters

Lorsque vous voyez les audiences spectaculaires de la retransmission des Jeux Olympiques – Paris 2024 sur les chaînes de France Télévisions, lorsque vous voyez la foule, la liesse incroyable dans les stades, ces jeux sont une réussite exemplaire… mais cela est sans compter les haineux français qui harcèlent et menacent de mort les artistes, les producteurs et les athlètes de ces jeux.

La haine libérée par l’extrême droite ne semble plus avoir de limite.

Tout commence par la cérémonie d’ouverture où certains tableaux sont jugés wokiste ou blasphématoire. Les critiques pleuvent sur la présence des drags queens, d’une femme à barbe, d’une djette trop grosse, d’un homme bleu tout nu… « mes enfants mineurs ayant été très choqués par les images de la cérémonie d’ouverture, pouvez-vous me dire s’ils pourront assister à la cérémonie de clôture ? À partir de quel âge peut-on regarder les cérémonies des JO ? Sont-elles réservées aux adultes ? » peut-on notamment lire sur X. Les organisateurs sont obligés de s’expliquer sur les plateaux télé : « non, nous n’avons pas représenté la Cène mais une fête païenne dans laquelle sont représentés les dieux de l’Olympe« . Philippe Katerine s’excuse « Je suis désolé si ça a pu choquer parce que ce n’était pas du tout l’intention. J’ai été élevé dans la religion chrétienne et ce qu’il y a de plus beau dans cette religion, c’est le pardon. Donc je demande le pardon si j’ai offensé« . Mais le mal est fait et il sera impossible d’arrêter la désinformation et le déferlement de messages haineux, homophobes, grossophobes, anti-woke. La Djette Barbara Butch sera la première à dénoncer la pression et à porter plainte pour menace de mort. Dans le millier de messages qu’elle reçoit, il y a notamment : « la prochaine fois que tu joues, je prendrai un couteau et je te trancherai la gorge sur scène« . En 5 jours, la liste des personnes qui vont porter plainte va s’allonger jusqu’aux producteurs de la cérémonie et au journaliste sportif de France Télévisions ouvertement gay, Jean-Baptiste Marteau.

« Le patriarcat a encore de belles perspectives devant lui. Les femmes n’ont malheureusement pas fini de souffrir sous les coups des hommes, les queers n’ont pas fini de devoir plier l’échine sous le glaive de la morale, les personnes racisées n’ont pas fini d’être persécutées par les blancs… » (Paloma, Drag queen)

« N’en déplaise à certains, j’existe. Je n’ai jamais eu honte de qui je suis et j’assume tout – y compris mes choix artistiques. Toute ma vie, j’ai refusé d’être une victime : je ne me tairai pas. Je n’ai pas peur de ceux qui se cachent derrière un écran, ou un pseudonyme, pour vomir leur haine et leurs frustrations. Je les combattrai sans jamais trembler. » (Barbara Butch, Djette)

Je n’en parle pas souvent, mais certaines limites ont été franchies. Ces derniers jours, j’ai reçu de nombreuses insultes et menaces homophobes sur les réseaux sociaux. C’est insupportable. Même en cette période olympique, n’y a pas de trêve pour la lutte contre l’homophobie.” (Jean-Baptiste Marteau, Journaliste – France 2)

Le directeur des cérémonies, Thomas Jolly, a également porté plainte. « Les chefs d’accusation retenus dans sa plainte sont «menaces de mort en raison de son origine, menace de mort en raison de son orientation sexuelle, injure publique en raison de son origine, injure publique en raison de son orientation sexuelle et diffamation » précise le Parquet de Paris.

Pour les haters de tous bords, le responsable de cette haine est le lobby woke.

Le mot « woke » vient des États-Unis et indique les personnes conscientes et mobilisées contre les injustices subies par les minorités ethniques, sexuelles, religieuses et de toutes formes de discrimination. Ces personnes militent donc pour une société plus équitable et s’attaquent aux inégalités structurelles d’une société tant au niveau de son milieu social, de sa couleur de peau, de sa religion, de son handicap, de son sexe ou de son genre. Ce serait plutôt très positif comme valeurs mais rapidement, des dirigeants – et pas que l’extrême droite ou gauche – se sont inquiétés de ces prises de position : « Ces mouvements sont une profonde vague déstabilisatrice pour la civilisation. Ils remettent en cause l’humanisme, issu lui-même de longs siècles de maturation de notre société » (Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’éducation nationale – France).

En effet, différentes personnes ont notamment pointé la représentation des femmes et des personnes racisées dans la culture populaire (cinéma, musique, publicité, …). Ce travail de déconstruction des stéréotypes a engendré la cancel culture que l’on pourrait définir comme proscrire de l’espace public toute personnalité dont un propos ou une action est considéré comme offensant à l’égard des minorités.

Dans cette guerre pour une société plus égalitaire, certain·es y ont vu la montée d’une intolérance à l’égard d’opinions opposées et un muselage de la liberté d’expression. Et cette prise de position sert à merveille les intérêts des dictateurs, des masculinistes, des extrémistes et des religieux.

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