CINEMA : « Yves » de Benoit Forgeard

Jérem (William Lebghil) s’installe dans la maison de sa mémé pour y composer son premier disque de rap. Fainéant et bordélique, son premier single « Carrément rien à branler » ne convainc pas Dimitri, son manager (Philippe Katerine).

« Ce n’est pas facile de se mettre au rap. Pendant un mois, au quotidien, j’ai appris à bien placer ma voix avec Mim et Tortoz, les deux compositeurs du morceau. » nous dévoile William Lebghil.

Jérem fait la rencontre de So, mystérieuse enquêtrice pour le compte de la start-up Digital Cool. Elle le persuade de prendre à l’essai Yves, un réfrigérateur intelligent, censé lui simplifier la vie…

« Au contraire de « Her » de Spike Jonze (2014), c’est moi qui ait imposé le nom de Yves. Yves est un prénom simple et on ne s’imagine pas foncièrement que quelqu’un qui s’appelle Yves soit méchant. » déclare le réalisateur Benoit Forgeard. Au départ, le réalisateur avait pensé prendre un frigo anodin, celui de votre cuisine, sans artifice mais rapidement, dans l’écriture, il s’est dit qu’il lui manquait une personnalité. Pourtant, on ne peut s’empêcher de penser au cinéma de Quentin Dupieux qui excelle dans l’exercice de donner vie à des objets (du pneu à la veste en daim).

Benoit Forgeard a donc choisi de lui donner un écran afin qu’il interagisse avec son propriétaire, des compartiments intelligents et une voix : Scarlett Johansson, Donald Trump ou encore Victor Hugo jeune (le choix de Jérem).

« Je m’intéresse à l’influence des objets sur nous », nous dit Benoit Forgeard, « je ne voulais pas prendre de distance ni d’ironie par rapport au sujet. »

« En lisant le scénario, il m’a semblé très intéressant : peut-on tomber amoureux juste d’une voix ? C’était ça la question posée. Je ne trouvais pas ça bizarre ni barré, j’ai trouvé ça différent et touchant. » nous dévoile Doria Tillier lors du débat d’après projection du Sofilm Summercamp.

L’actrice française ne connaissait pas le travail du réalisateur avant de recevoir le scénario au contraire de William Lebghil qui avait déjà tourné dans le court métrage « Fuck UK » (2011) : « Je suis fan de Benoit et donc, j’étais très alléché de lire le scénario. Et à la lecture, j’étais très excité de travailler avec lui. »

Ce n’est pas la première fois que le cinéma s’intéresse à l’intelligence artificielle. La série « Black Mirror » sur Netflix en a fait son succès mais généralement, le cinéma et la télévision la présentent plutôt comme une force maléfique : « Je n’ai pas d’angoisse ni d’angélisme par rapport à la technologie mais en même temps, je ne sais pas ce que sera l’avenir mais mon film ne prétend pas donner de clés. » nous dit Benoit Forgeard.

« Yves » me fait penser à « I Love You » où Christophe Lambert tombait amoureux d’un porte clé. Un frigo est un objet bien plus lourd et robuste, un objet à taille humaine mais un objet inerte (même avec ses artifices) et peut-être trop imposant ce qui rend une certaine mollesse à la dynamique scénaristique.

« Tourné avec un objet fut une expérience dont je garde un très beau souvenir. C’était un peu surréel » dévoile Doria Tillier. « Lors du tournage, Antoine Gouy (la voix de Yves) incarnait le frigo sur le plateau. Je ne voulais pas d’une voix préenregistrée, je voulais vraiment que le frigo soit incarné. Doria et William tournaient avec cette voix » conclut Benoit Forgeard.

L’univers de Benoit Forgeard est sympathique, la B.O. de Bertrand Burgalat est canon mais le film manque de pep’s pour être aussi drôle que la bande annonce.

Fiche technique
Titre : Yves
Réalisation : Benoit Forgeard
Avec : William Lebghil, Doria Tillier, Philippe Katerine, Alka Balbir, Antoine Gouy
Genre : comédie fantastique
Pays : France
Date de sortie : 26/06/2019 (France – Belgique)
Durée : 1h47
Sélections : Film de clôture Quinzaine des Réalisateurs – Festival de Cannes 2019 – Sofilm Summercamp 2019

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