Alors que je suis tranquillement au Café Beaubourg à Paris à déguster un chocolat viennois tout en lisant « L’île au Trésor » paru aux Editions Casterman, Nicolas Gilson démarre une nouvelle journée de projections à Cannes qui l’emporte dans une quête du bonheur.
« Little Joe » de Jessica Hausner, un des 4 films réalisés par une femme en compétition officielle. « C’est assez prodigieux. C’est fantastique dans tous les sens du terme. Ça parle de manipulation génétique » nous confie Nicolas.
Alice, mère célibataire, est une phytogénéticienne chevronnée qui travaille pour une société spécialisée dans le développement de nouvelles espèces de plantes. Elle a conçu une fleur très particulière : si on la conserve à la bonne température, si on la nourrit correctement et si on lui parle régulièrement, la plante rend son propriétaire heureux. Alice va enfreindre le règlement intérieur de sa société en offrant une de ces fleurs à son fils adolescent, Joe. Ensemble, ils vont la baptiser » Little Joe « . Mais, à mesure que la plante grandit, Alice est saisie de doutes quant à sa création: peut-être que cette plante n’est finalement pas aussi inoffensive que ne le suggère son petit nom.
- L’histoire qui semble toute simple au premier regard se complexifie petit-à-petit. Il y a énormément de doute durant le film où tu ne sais plus à qu’y te fier et cette notion fonctionne très bien dans le film. La mise-en-scène est éblouissante, la photo est super belle. Il y a un vrai travail sur le son. C’est parfois un peu figé dans la réalisation, tout peut paraître artificiel même au niveau des décors, il y a quelque chose de très clinique. Maintenant, je dois bien vous avouer que l’accueil par la presse a été assez froide. Mais, moi, je suis rentré dedans, c’est une intéressante photographie de notre société où nous sommes tous sous anti-dépresseurs…
- Mais Nicolas, tu m’as parlé de nombreux films mais pas de « Rocketman » de Dexter Fletcher ! Pourtant l’interprétation de Taron Egerton est saluée à l’unanimité par les festivaliers pros ou non et la présence d’Elton John fut un événement majeur de cette édition.
- Effectivement, j’aurais pu le voir ce matin mais je le verrais à mon retour ! Je ne suis pas triste de ne pas l’avoir vu car, à la place, j’ai été voir le film d’animation « J’ai perdu mon corps » et j’en suis très content.
« J’ai perdu mon corps » est une histoire d’amour d’après le livre Happy Hand de Guillaume Laurant, co-scénariste de Jean-Pierre Jeunet (Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Un long dimanche de Fiançailles, Le jeune et prodigieux T.S. Spivet). Même si c’est le premier long métrage de Jérémy Clapin, ce n’est pas pour autant sa première participation à Cannes et à la Semaine de la Critique puisqu’il y a présenté son court métrage d’animation Skhizein présenté en 2008.
L’histoire se déroule à Paris et se concentre sur la main tranchée d’un jeune homme qui s’échappe d’une salle de dissection, bien décidée à retrouver son corps. Au cours de sa cavale semée d’embûches à travers la ville, elle se remémore toute sa vie commune avec lui, jusqu’à sa rencontre avec Gabrielle.
« Jérémy Clapin signe un formidable film d’animation. Le parcours de la main est complètement dingue. Il revisite le rapport au deuil. Le graphisme et le travail sur le son sont formidables. Ça m’a cueilli. » me déclare Nicolas Gilson.
La journée fu, également, marquée par la projection du film de Pedro Almodovar, « Dolor Y Gloria » (Douleur et Gloire) dont Nicolas Gilson en dira que « c’est le retour d’Almodovar. C’est un film tendre, authentique. C’est un biopic ou un faux biopic ! » (lire notre critique)
Enfin, Nicolas désire encore me parler de « Zombi Child » de Bertrand Bonello. « Zombi avec un « i » car les zombi se sont les esclaves que l’on trouvait en Haïti. » explique Nicolas.
Nous sommes en 1962, un homme est ramené d’entre les morts pour être envoyé de force dans l’enfer des plantations de canne à sucre. 55 ans plus tard, au prestigieux pensionnat de la Légion d’honneur à Paris, une adolescente haïtienne confie à ses nouvelles amies le secret qui hante sa famille. Elle est loin de se douter que ces mystères vont persuader l’une d’entre elles, en proie à un chagrin d’amour, à commettre l’irréparable.
L’avis de Nicolas : « c’est un film très bizarre, c’est très questionnant. Il y a une vrai propos politique et historique. C’est un chouette film… pour initiés ! »
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